n’ai pu séparer votre souvenir d’aucune de mes pensées ; il était au fond de toutes mes actions, et bien souvent à mon insu. C’est depuis que je vous aime, que j’ai senti tout ce que pesait le joug des bienfaits de mon oncle, que j’ai rêvé la liberté et l’indépendance ; votre premier regard a fait éclore en mon âme la fierté et le courage et toutes les nobles passions.
— Tant mieux si vous avez du courage, car nous en aurons besoin.
— Ô Fanny ! aimé de vous, je ne connais rien d’impossible, toutes les difficultés qui m’effrayaient, à mon entrée dans la vie, ne me paraissent maintenant que me préparer des triomphes.
— Ô mon Dieu ! dit Fanny en levant ses beaux yeux au ciel, pardonnez-moi et secourez-moi.
— Le ciel me protège, puisqu’il m’a fait vous rencontrer.
— Et moi aussi, je me sens du courage : d’abord, ce mariage contre lequel je n’avais jusqu’ici que des larmes cachées et de la résignation, il n’aura pas lieu ; je saurai dire non, même au pied de l’autel.