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CONTES ET NOUVELLES.

Pauvre mère, dit-elle lorsqu’elle fut seule, quand elle saura que c’était pour sa fille qu’elle allait demander des prières !

Élisabeth entra sous prétexte de la déshabiller, mais peur lui dire :

— Eh bien, mademoiselle, vous venez de chez le ministre avec votre mère ; tout va donc bien ?

— Oui, Élisabeth, tout va bien.

— Votre mère consent donc au mariage ? J’en suis bien contente, voyez-vous ; car, maintenant, puisque c’est arrangé, je puis vous le dire : on parlait dans le pays, et si mal, que j’avais envie de quitter la maison. Sait-il que votre mère consent ?

— Laissez-moi, Élisabeth, et couchez-vous ; j’ai à écrire… Vous le voyez bien, mon Dieu ! dit-elle en joignant les mains quand elle fut seule, vous le voyez bien, mon Dieu, qu’il faut que je meure.

Elle écrivit à Eugène Milbert.

« Eugène, lui disait-elle, quand vous lirez cette lettre, le cœur qui vous aimait tant aura cessé de battre ; c’est aujourd’hui mercredi, et il est dix heures du soir : demain, jeudi, à dix heures