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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/77

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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

fini par un dénoûment qui ne répond pas à la poésie du commencement ni à la tristesse du milieu. Ne t’afflîge pas trop de l’infidélité de ta maîtresse : la pauvre fille ne pouvait guère faire autrement ; et, d’ailleurs, si elle avait passé sa vie à t’attendre, triste, honteuse, solitaire, il est plus que probable que tu aurais trouvé en France ou ailleurs quelque bonne occasion, et que tu l’aurais abandonnée pour épouser une autre femme. Il est bien rare que ces romans-là finissent comme dans les livres. Le commencement seul ne coûte rien, et on s’y embarque volontiers.

Que vas-tu faire maintenant ? J’espère que ta blessure n’est rien. Viens jusqu’ici, et nous causerons. Il est assez maladroit d’avoir fait à une fille qui devient ta tante un enfant qui se trouve être ton cousin et te déshérite. Je ne pense pas que, pour cela, ton oncle veuille t’abandonner ; peut-être, au contraire, saisira-t-il une occasion de réparer l’espèce d’injustice qu’il croit te faire.

À toi.

Félix.

À peine cette lettre était-elle partie, que M. Éloi Milbert arriva chez Félix Duport.