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CONTES ET NOUVELLES.

» Madame Gautherot jeta un cri ; M. Gautherot se leva et retomba assis, et, comme je pensai que quelqu’un allait peut-être sortir, je m’éloignai de la porte.

» Voilà tout ce que j’ai su par moi-même, monsieur, me dit alors mademoiselle Élisabeth, parce que, deux jours après, on a congédié toute la maison ; et M., madame et mademoiselle Gautherot ont traversé le lac et sont partis pour l’Italie avec M. Éloi Milbert.

— Mais, lui dis-je, qu’est devenue mademoiselle Gautherot ?

— On m’a dit qu’ils étaient revenus depuis une quinzaine de jours, qu’ils demeurent tous chez M. Éloi Milbert, et qu’il appelle mademoiselle Fanny madame Milbert. Il est arrivé ce que j’avais bien prévu ; la petite personne s’est décidée à épouser l’oncle, et, celui-ci, aveugle comme les vieillards quand ils s’avisent d’être amoureux, a accepté un héritier tout fait. Quelques personnes ont dit que mademoiselle lui avait tout avoué, et qu’il l’avait épousée la même chose : cela me paraîtrait un peu fort.

Voilà donc, mon chère Eugène, ton roman