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XLV

Qui n’a rôdé dans un verdoyant cimetière,
Et laissé son esprit, comme un génie taupe,
Fouiller le sol argileux et le dur gravier
Pour voir un crâne, des os dans le cercueil et la robe funéraire ;
Prenant en pitié chaque forme qu’a souillée la voracité de la Mort,
Et lui insufflant encore une fois une âme humaine ?
Ah ! ceci est une fête en comparaison de ce qu’éprouvait
Isabelle s’agenouillant devant Lorenzo.

XLVI

Ses regards sondaient la terre fraîchement remuée, comme si
Un simple coup d’œil pouvait surprendre tous ses secrets :
Distinctement elle vit, comme d’autres auraient reconnu
Des membres livides au fond d’une source de cristal ;
Sur le lieu du meurtre elle semblait prendre racine,
Tel un lis né dans le vallon :
Alors, avec un poignard, soudain, elle commença
A creuser avec plus d’ardeur que les avares ne le peuvent.