Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/296

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— Bel Hermès, couronné de plumes, au vol léger.
J’eus de toi un splendide rêve la nuit dernière ;
Je le voyais assis sur un trône en or.
Parmi les Dieux, sur le vénérable Olympe,
Seul triste entre tous ; car tu n’entendais pas
Les suaves, les claires vocalises que les Muses accompagnent sur le luth,
Ni même Apollon lorsqu’il chanta seul,
Sourd tu fus devant le long, long gémissement de sa voix sanglotante.
Je rêvais que je te voyais, paré d’écailles pourpres.
Emergeant plein d’amour du sein des nuages, comme émerge le matin,
Et rapidement comme un fulgurant javelot de Phœbus,
Pénétrant dans l’île de Crète ; et t’y voilà maintenant !
Trop séduisant Hermès, as-tu trouvé la bien aimée ? »
Aussitôt l’étoile du Léthé ne fit pas attendre
Sa réponse fleurie, et s’informa ainsi :
— Toi, serpent aux lèvres flatteuses, sûrement inspiré par le ciel !
Toi, guirlande de beauté, aux yeux mélancoliques,
Prouve que tu détiens toute la félicité que tu peux t’imaginer.
Apprends-moi seulement où ma nymphe s’est enfuie,
Où elle respire ! » — Astre brillant, tu as bien parlé.
Reprit le serpent, mais lie-toi par un serment, aimable Dieu ! »
— Je jure, dit Hermès, par mon caducée,
Et par tes yeux, et par ta couronne étoilée ! »