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Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/295

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POÈMES 291

Rayée comme un zèbre, tachetée comme un léopard,
Les taches imitant des yeux de paon, les raies toutes cramoisies ;
Son écaille était pleine de lunes blanches, qui, à chaque respiration,
Pâlissaient, ou devenaient plus brillantes, ou alternaient
Leurs éclats avec des colorations plus ternes —
Ainsi, les flancs comme un arc-en-ciel, accablée de malheurs,
Elle semblait en même temps une elfe expiant ses fautes,
La fiancée de quelque démon, ou le démon lui-même.
Sur sa crête elle portait une lueur blafarde
Piquetée d’étoiles, comme la tiare d’Ariadne :
Sa tête était celle d’un serpent, mais quel charme ironique !
Elle avait une bouche de femme avec sa parure complète de perles ;
Quant à ses yeux : que pouvaient ici faire de tels yeux
Si ce n’est pleurer, et pleurer de ce qu’ils étaient nés si beaux ?
De même Proserpine pleure, regrettant la brise Sicilienne.
Sa gorge était celle d’un serpent, mais les paroles qu’elle proférait,
Comme à travers un bouillonnement de miel, évoquaient l’Amour ;
C’était ainsi, tandis qu’Hermès s’appuyait sur ses ailerons,
Tel un faucon s’infléchirait avant de saisir sa proie :