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HYPÉRION[1]

fragment
LIVRE PREMIER

Tout au fond de la tristesse d’une obscure vallée[2],
Dans une retraite éloignée de la brise vivifiante du matin,
Loin de l’ardent midi et de l’étoile solitaire du soir,
Était assis Saturne aux cheveux gris, immobile comme un roc,
Aussi muet que le silence planant autour de son repaire ;
Forêts sur forêts s’inclinaient autour de sa tête
Comme nuées sur nuées. Aucun souffle dans l’air,
Pas même autant de vie qu’il n’en faut un jour d’été,

  1. Voir à l’Appendice la Théogonie d’Hésiode.
  2. Dans sa brève étude, le traducteur a signalé les rappels de phrases et de mots dont Keats a tiré un merveilleux parti. Cependant, dans plusieurs pièces inachevées, et particulièrement dans Hypérion, le poète a laissé subsister quelques répétitions fortuites et non calculées qu’il eût peut-être supprimées si la mort ne l’avait empêché de réviser son œuvre. Est-il besoin d’ajouter que le texte critique de l’auteur a été scrupuleusement respecté ?