Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/331

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De même que, dans l’extase d’une nuit d’été,
Ces sénateurs des bois puissants dans leur verte parure,
Les chênes élevés, aux branches enchantées par l’ardeur
des étoiles,
Rêvent, et rêvent ainsi toute la nuit sans autre frémissement
Que celui de la brise qui s’enfle graduellement dans la
solitude,
Domine le silence, puis s’évanouit,
Comme une marée montante qui n’aurait qu’une vague ;
De même ces paroles retentirent, puis expirèrent ; un
instant, en larmes,
Elle toucha la terre de son front hautain et loyal,
De façon que sa chevelure tombante pût étaler un tapis
Soyeux et merveilleux pour les pieds de Saturne.
La lune, en une lente gravitation, avait versé
Ses lueurs argentées quatre heures à travers la nuit,
Et toujours le groupe était demeuré immobile
Telle une sculpture naturelle dans la crypte d’une cathédrale :
Le Dieu glacé reposant toujours sur la terre,
Et la triste Déesse pleurant à ses pieds ;
Jusqu’à ce qu’enfin le vieux Saturne leva
Ses yeux flétris, et vit son royaume détruit,
L'aspect sombre et morne du lieu,
Et cette belle Déesse agenouillée ; alors il parla.
Comme avec une langue paralysée, tandis que sa barbe
Hérissée s’agitait d’un tremblement maladif :
« O tendre épouse du brillant Hypérion,