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SONNET

Ô combien j’aime, par un beau soir d’été
Lorsque des torrents de lumière déversent l’or à l’Occident
Et que sur les zéphyrs embaumés reposent immobiles
Les nuages argentés, loin, très loin, laisser
Les pensées vulgaires, et m’accorder un doux répit
Contre les menus soucis ; découvrir après une paisible recherche,
Une solitude parfumée, parée des beautés de la Nature,
Et là, faire délicieusement illusion à mon âme :
Là m’échauffer le cœur avec des chansons de ma patrie,
Méditant sur le sort de Milton — sur le cercueil de Sidney —
Jusqu’à ce que leurs formes austères redressent devant moi :
Peut-être prendre mon essor sur l’aile de la Poésie,
Très souvent verser une larme délicieuse
Lorsque quelque mélodieuse tristesse enchante mes yeux.