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À SPENSER

Spenser, un de tes fervents admirateurs,
Qui a pénétré au plus profond des arbres de ta forêt,
Me fit promettre, l’autre soir, de ciseler
Quelques vers dont le charme pût séduire ton oreille.
Mais, Poète Elfe ! il est impossible
À un habitant de cette terre hivernale
De s’élever, tel Phœbus, muni d’une plume d’or,
Avec des ailes de flamme et de faire surgir une aube en sa joie.
Il est impossible d’échapper au labeur
Tout d’un coup, et de recevoir ton inspiration ;
La fleur doit absorber la nature du sol
Avant de pouvoir s’épanouir :
Sois avec moi dans les jours d’été, et je
Ferai une tentative en ton honneur et pour plaire à cet ami.