Page:Keepsake français, 1831.djvu/324

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Sans s’être au jour développé,
Mourrait, quand le fer l’a coupé :
Grâce à la vierge qui l’arrose,
Il refleurit, dans l’eau trempé.
Plus d’une mer sombre et houleuse,
Avant le soir, calme son sein ;
Plus d’une aurore nébuleuse
Fut la mère d’un jour serein.
Qu’à l’espoir donc ton cœur s’éveille !
Même l’amour, si ton œil prompt
Sait voir au fond de sa corbeille,
Que plus d’une rose vermeille
Peut couronner encor ton front.
Si, loin de toi, fuit sans t’entendre
La jeune vierge de quinze ans,
Plus d’une femme aux traits charmants,
Moins novice, en sera plus tendre.
Pour n’avoir pas encor trouvé
Un esprit d’homme, un cœur de femme,
Tels que tes vœux l’avaient rêvé,
De tout lien tu t’es privé,
Et tu t’es muré dans ton âme.
Ne cherche plus de cœurs parfaits,
D’ami complet qui te réponde ;
Vois les humains comme ils sont faits,
Et sache au mot prendre le monde.
Tu te plains que la vie, hélas !
Fut vide au gré de ton envie :
Mais toi, ne demandes-tu pas
Plus que ne peut donner la vie ?