Page:Keepsake français, 1831.djvu/323

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Dont il dérobe à ton envie
Le parfum frais et virginal ?
Attendras-tu que l’existence
Ait, pour combler ton exigence,
Tout aplani, tout disposé,
Comme au bord du fleuve rapide,
Pour le franchir, un loup stupide
Attendrait que l’onde eût passé ?
Il est temps de quitter les ombres,
Fantômes d’air, nuages sombres,
Contre lesquels tu t’es heurté,
Et, dédaignant le veut qui passe,
D’entrer corps à corps, face à face,
En lutte avec la vérité. —
L’aube, dis-tu, s’est recachée ;
La pomme, mûre en sa prison,
Sans que ta main l’eût détachée,
Tomba morte sur le gazon… —
Eh bien ! que l’âge qui commence
T’ouvre une autre ère d’existence !
Le printemps est doux ; mais l’été
A ses parfums et sa beauté.
Vivre est un art, une industrie ;
Plus ménager de l’avenir,
Apprends enfin à contenir
La passion trop tôt tarie,
A replanter le souvenir,
A raviver, même flétrie,
La frêle tige du plaisir.
Le délicat bouton de rose,