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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/124

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À LESBOS

Peu à peu, elle se contraignit moins, elle lança quelques propos lestes, et finit par se servir d’un langage fort en rapport avec son costume.

Andrée était doublée d’un ancien rapin, les paroles ne l’effarouchaient pas.

Avec la verve endiablée et imagée d’un gamin de Paris, elle sut tenir tête à la grande dame.

Jacqueline fit la moue.

Elle s’attendait à autre chose.

Plusieurs fois, elle tenta d’amener Andrée, par des chemins détournés, vers le but qu’elle désirait, mais la jeune femme se dérobait toujours à temps et cela sans jamais se fâcher.

Le portrait avançait rapidement ; encore quelques coups de brosse, et il serait terminé.

Jacqueline résolut de brusquer les choses.

C’était pendant l’avant-dernière séance.

La duchesse ne posait plus que pour les retouches : sous le prétexte de venir admirer l’œuvre de l’artiste, elle se leva et resta derrière le siège d’Andrée.

Celle-ci, depuis longtemps n’avait plus aucune méfiance.

Elle continuait à peindre.

La duchesse, une main posée sur l’épaule de mademoiselle Fernez, semblait fort attentive au travail de cette dernière.