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À LESBOS

quineries quotidiennes, par lesquelles les jeunes filles apprennent leur métier de mondaines.

Au fond, cela ne signifiait rien ; pourtant la supérieure comprit qu’Andrée avait pu perdre patience.

Elle se tourna vers la religieuse.

— Comment se fait-il, ma sœur, demanda-t-elle, que vous autorisiez de pareils jeux ?

— Mais, ma mère, je ne me suis jamais aperçue qu’on tourmentât avec tant d’acharnement mademoiselle Fernez, répondit la religieuse en baissant humblement les yeux devant l’altière supérieure.

— Il est vrai, intervint aussitôt Andrée, qu’on évitait toujours de me taquiner en présence des maîtresses.

La supérieure enveloppa encore Andrée d’un long et profond regard.

Elle poussa un soupir et dit de sa voix lente, presque solennelle :

— Allez ; pour cette fois, je vous pardonne ; mais ne recommencez pas. Ici, ce n’est pas un collège.

Andrée s’inclina et prit la main sèche et ridée de la religieuse, sur laquelle, respectueusement, elle déposa un baiser.

Elle partit en compagnie de la maîtresse.