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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/39

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À LESBOS

M. Fernez parlait continuellement de faire travailler sa femme et sa fille.

Ni l’une ni l’autre ne connaissaient un métier ; en cette circonstance, le travail lucratif devenait difficile.

M. Fernez leur imposa la connaissance d’une femme de bas étage, ancienne courtisane sur le retour, sous le prétexte qu’elle était lingère.

Madame Fernez souffrait en silence du contact de cette misérable.

Andrée ne tarda pas d’éprouver à sa vue une répulsion qu’elle ne pouvait vaincre.

Ce sentiment lui fut un jour expliqué.

Cette femme était la maîtresse de M. Fernez.

— Mère, dit une fois Andrée à madame Fernez, lorsque je serai mariée, j’éviterai d’admettre dans ma maison des femmes de mœurs légères.

Madame Fernez garda prudemment le silence, mais elle comprit, en gémissant, l’allusion que venait de faire sa fille.

Le père ne craignait pas de souiller l’imagination de sa fille par le spectacle de ses turpitudes.

Le misérable !

Les semaines s’écoulaient lentement pour les deux pauvres femmes.

Elles n’osaient regarder la route à parcourir, elles la devinaient semée d’épines et de ronces.

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