Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/120

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Il est aisé de courir lorsqu’on est porté par la grace.

Faut-il s’étonner qu’on trouve le fardeau leger, quand on est aidé par le Tout-puissant, & qu’on fasse beaucoup de chemin, quand on a Dieu même pour guide ?

On aime naturellement le plaisir ; & il faut faire de grands efforts pour se détacher entierement de soi-même.

Le glorieux Martyr saint Laurent, à l’imitation du saint Pape Sixte, vainquit le monde, parce qu’il avoit en horreur tout ce qui fait le bonheur du monde. Quelque attachement qu’il eût pour ce saint Pontife, il souffrit qu’on l’en separât, & supporta cette separation avec joye, pour l’amour de Jesus-Christ.

Ainsi l’affection qu’il portoit à l’homme de Dieu, ceda à l’amour qu’il avoit pour Dieu même ; & il aima mieux être privé d’une consolation humaine, que de manquer de soûmission à la volonté divine.

Apprenez par cet exemple, qu’il n’est point d’ami que vous ne deviez quitter volontiers pour Dieu.

Que si vos meilleurs amis vous abandonnent, consolez-vous sur ce que la mort doit enfin nous separer tous les uns des autres.

Il faut combattre long-tems, ayant qu’on se rende maître de soi,