Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux avantages qu’il en peut attendre.

Celui qui m’aime d’un amour noble & genereux, ne met pas sa joye dans les faveurs que je lui fais, mais dans moi, qui suis son souverain bien.

Ne croyez donc pas que tout soit perdu, s’il arrive qu’en certain tems vous n’ayez pas toute la dévotion que vous voudriez, soit pour moi, soit pour mes Saints.

Cette tendresse de dévotion, que vous sentez quelquefois, est un effet de ma grace répanduë dans votre cœur, & un avant-goût des plaisirs du Ciel : mais ce sentiment passe vîte, & il ne faut pas vous y appuyer beaucoup.

Ce qui marque une solide vertu, & qui est d’un grand mérite, c’est de combattre les inclinations de la nature corrompuë, & de ne point écouter les suggestions du demon.

Ne vous inquiettez donc point de certaines imaginations, qui vous viennent malgré vous, sur quelque sujet que ce soit.

Soyez constant dans vos bons desseins, & n’envisagez que Dieu dans toutes vos œuvres.

Si par un soudain transport vous en êtes ravi & tout absorbé en Dieu, & que peu de tems après vous vous trouviez dissipé, sec, indévot comme auparavant, cela ne vient pas toûjours du malin esprit.