JE vous parlerai encore, ô mon Dieu, car je ne puis demeurer plus long-tems dans le silence. Il faut que je dise à mon Seigneur, & à mon Roi, qui est dans le Ciel :
O que vous avez reservé de délices pour ceux qui vous craignent !
Combien donc en reservez-vous pour ceux qui vous aiment, & qui vous servent de tout leur cœur ?
Certainement il n’y a point de douceur comparable à celle qui accompagne la grace de la contemplation, dont vous favorisez vos amis.
Vous m’avez bien fait sentir l’excès de votre bonté, en me donnant l’être & la vie que je n’avois point, en me rappellant à vous, quand je m’en suis éloigné, en m’arrachant à vôtre service, & en m’ordonnant de vous aimer.
O source éternelle d’amour, où trouverai-je des termes & des expressions assez nobles pour parler dignement de vous ?
Comment pourrois-je vous oublier, vous qui n’avez pas dédaigné de penser à moi, depuis même que je suis tombé dans une langueur mortelle ?