moi, & ne vous détournez pas de vôtre serviteur, dans votre colére[1].
Lancez vos éclairs, décochez vos fleches ; dissipez[2] par vos divines illustrations, tout ce que le pere du mensonge me met dans l’esprit pour m’imposer & me séduire.
Rappellez à vous tous mes sens ; effacez de ma memoire les idées du monde, & les images des vices.
O verité éternelle, affermissez-moi de telle sorte, que je ne me laisse point aller à la vanité.
O source très-pure des plaisirs du Ciel, venez, éteignez en moi tout le feu de l’amour impur.
Usez envers moi de misericorde ; pardonnez moi les égaremens presque continuels de mon imagination, qui dans la priere ne s’attache à rien moins qu’à vous.
Je confesse, & il est vrai, que je suis tres-souvent distrait.
Mon esprit n’est point d’ordinaire où est mon corps ? il va où l’imagination l’emporte.
Ainsi je suis où est ma pensée, & ma pensée est, où est mon cœur.
Ce que j’aime ou par inclination naturelle, ou par habitude, me revient sans cesse dans l’esprit.
C’est ce qui vous a fait dire, ô suprême verité : Où est vôtre tresor, là est vôtre cœur[3].
Si j’aime le Ciel, je pense volontiers au Ciel.