Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/293

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La Nature est accoûtumée à n’agir que dans la vûë de son profit particulier ; elle ne fait rien pour rien ; & si elle rend le moindre service à un ami, elle veut qu’il lui en rende autant ou plus qu’il l’en loüe du moins, & que dans les occasions il lui en marque son ressentiment ; elle desire sur tout qu’on estime & qu’on réleve beaucoup ce qu’elle fait & ce qu’elle donne.

La Grace n’a que du mépris pour tout ce qui est périssable ; elle ne demande point d’autre récompense pour ses bonnes œuvres que Dieu seul ; & à l’égard des biens temporels elle n’en souhaite qu’autant qu’elle en a besoin pour travailler à acquerir les biens éternels.

La Nature se réjoüit d’avoir une grande parenté, & beaucoup d’amis, elle se vante de sa noblesse ; elle tâche de plaire aux Grands, & de s’insinuer par des flateries dans l’esprit des riches, elle applaudit à ses semblables.

La grace aime tendrement les ennemis, & si elle a beaucoup d’amis, elle n’en est pas plus fiére ; elle ne se glorifie ni du lieu de sa naissance, ni d’avoir d’illustres ancestres, à moins qu’ils ne se soient rendus recommandables par leur pieté.

Elle a plus d’égard pour le pauvre que pour le riche ; plus de compas-