Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

solutions ; mais étant destitué des secours dont j’ai besoin pour soûtenir ma foiblesse, la moindre difficulté me rebute & me décourage.

Je n’ignore pas quelle est la voye de la perfection ; je sçai ce que je dois faire pour y arriver : mais le poids de la nature corrompuë m’entraîne d’un autre côté.

O mon Dieu, que vôtre grace m’est necessaire, & pour commencer & pour continuer, & pour achever l’ouvrage de mon salut !

Car sans elle je ne puis rien ; & quand il vous plaît de me la donner, je suis capable de tout.

O grace puissante, ô precieux don du Ciel, à qui les Justes doivent leurs mérites, & sans lequel tous les dons de la nature, ne servent de rien !

Seigneur, vous ne faites nul état ni des arts, ni des richesses, ni de la beauté, ni de la force, ni de la vivacité d’esprit, ni de l’éloquence, si votre grace ne sanctifie tout cela, & n’en réleve le prix.

Car les avantages de la nature sont communs aux bons & aux méchans : mais ce qui distingue les Elûs, c’est la grace, c’est la charité, par où ils méritent la vie éternelle.

La grace est quelque chose de si excellent, que qui ne l’a pas, n’est rien devant vous, fût-il Prophéte, eût-il le don des miracles, & toute la science possible[1].

  1. I. Cor. 13.