Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de secours dans un païs ennemi, où je ne vois tous les jours que guerres & que malheurs.

Visitez-moi dans mon exil, consolez-moi dans mes afflictions, adoucissez mes ennuis ; car je ne soûpire qu’après vous.

Tout ce que le monde m’offre pour ma consolation, ne fait qu’augmenter ma peine.

Je brûle d’impatience d’aller à vous, d’être éternellement avec vous : & je n’y sçaurois parvenir.

Je voudrois pouvoir m’arracher aux choses du Ciel ; mais l’amour des biens temporels appesantit une ame sujette à mille passions déreglées.

L’esprit tâche de s’élever audessus des choses sensibles : mais quelque effort qu’il fasse, la chair le retient, & l’attire vers la terre.

Et ainsi toûjours contraint d’être en guerre avec moi-même, j’ai de la peine à me supporter[1] ; je sens au dedans de moi des mouvemens tout contraires, l’esprit le portant naturellement en haut, & la chair en bas.

O que je souffre un cruel martyre, lorsque voulant contempler les choses celestes, il me vient une foule de pensées mauvaises qui interrompent ma priere !

Seigneur, ne vous éloignez pas de

  1. Job. 7. 20.