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Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/252

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Et vous direz : Les souffrances du temps n’ont point de proportion avec la gloire future qui sera manifestée en nous[1],

RÉFLEXION.

Contempler Dieu et l’aimer, le contempler et l’aimer encore, voilà le ciel. L’âme, ici-bas, en reçoit quelquefois un avant-goût. Alors, élevée au-dessus d’elle-même, elle se sent pleine d’ardeur, et, enivrée de joie, elle dit : Il nous est bon d’être ici[2]. Mais bientôt arrive le temps de l’épreuve : il faut descendre du Thabor, et marcher dans le chemin de la Croix. Heureuse l’âme qui, dans le dénûment, l’aridité, les souffrances, demeure en paix, sans se laisser abattre et sans murmurer ; qui, fidèle à Jésus mourant, le suit avec courage sur le Calvaire ; et après avoir partagé le banquet de l’Époux, prête à partager son sacrifice, s’écrie comme un des Apôtres : Et nous aussi, allons et mourons avec lui ![3]


CHAPITRE LII.

QUE L’HOMME NE DOIT PAS SE JUGER DIGNE DES CONSOLATIONS DE DIEU, MAIS PLUTÔT DE CHATIMENT.

1. Le F. Seigneur, je ne mérite point que vous me consoliez et que vous me visitiez : ainsi vous en usez avec moi justement, lorsque vous me laissez pauvre et désolé.

Quand je répandrais des larmes aussi abondantes que les eaux de la mer, je ne serais pas encore digne de vos consolations.

Rien ne m’est dû que la verge et le châtiment : car je vous ai souvent et grièvement offensé, et mes péchés sont sans nombre.

Après donc un strict examen, je me reconnais indigne de la moindre consolation.

Mais vous, ô Dieu tendre et clément, qui ne voulez pas que vos ouvrages périssent, pour faire éclater les richesses

  1. Rom. viii, 18.
  2. Matth. xvii, 4.
  3. Joann. xi, 16.