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CHAPITRE LIII.

QUE LA GRACE NE FRUCTIFIE POINT EN CEUX QUI ONT LE GOUT DES CHOSES DE LA TERRE.

1. J.-C. Mon fils, ma grâce est d’un grand prix, et ne souffre point le mélange des choses étrangères, ni des consolations terrestres.

Il faut donc écarter tout ce qui l’arrête, si vous désirez qu’elle se répande en vous.

Retirez-vous dans un lieu secret, aimez à demeurer seul avec vous-même, ne cherchez l’entretien de personne ; mais que votre âme s’épanche devant Dieu en de ferventes prières, afin de conserver la componction et une conscience pure.

Comptez pour rien le monde entier, et occupez-vous de Dieu plutôt que des œuvres extérieures.

Car votre cœur ne peut être à moi, et se plaire en même temps à ce qui passe.

Il vous faut séparer de vos connaissances et de vos amis, et sevrer votre âme de toute consolation terrestre.

C’est ainsi que le bienheureux apôtre Pierre conjure les fidèles serviteurs de Jésus-Christ de se regarder ici-bas comme des étrangers et des voyageurs[1].

2. Oh ! qu’il aura de confiance à l’heure de la mort, celui que nul attachement ne retient en ce monde !

Mais un esprit encore malade ne comprend pas que le cœur soit ainsi détaché de tout ; et l’homme charnel ne connaît point la liberté de l’homme intérieur.

Cependant, pour devenir vraiment spirituel, il faut renoncer à ses proches comme aux étrangers, et ne se garder de personne plus que de soi-même.

  1. I Pet. ii, 11.