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Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/262

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par le péché, cette tache passe dans tous les hommes, et ils en portent la peine ; de sorte que cette nature même, que vous avez créée dans la justice et dans la droiture, ne rappelle plus que la faiblesse et le dérèglement d’une nature corrompue, parce que, laissée à elle-même, son propre mouvement ne la porte qu’au mal, et vers les choses de la terre.

Le peu de force qui lui est resté est comme une étincelle cachée sous la cendre.

C’est cette raison naturelle, environnée de profondes ténèbres, sachant encore discerner le bien du mal, le vrai du faux, mais impuissante à accomplir ce qu’elle approuve, parce qu’elle ne possède pas la pleine lumière de la vérité, et que toutes ses affections sont malades.

3. De là vient, mon Dieu, que je me réjouis en votre loi, selon l’homme intérieur[1], reconnaissant que vos commandements sont bons, justes et saints[2], qui condamnent tout mal, et détournent du péché.

Mais, dans ma chair je suis asservi à la loi du péché[3], obéissant plutôt aux sens qu’à la raison, voulant le bien, et n’ayant pas la force de l’accomplir[4].

C’est pourquoi souvent je forme de bonnes résolutions ; mais la grâce, qui aide ma faiblesse, venant à manquer, au moindre obstacle je cède et je tombe.

Je découvre la voie de la perfection, et je vois clairement ce que je dois faire.

Mais, accablé du poids de ma corruption, je ne m’élève à rien de parfait.

4. Oh ! que votre grâce, Seigneur, m’est nécessaire, pour commencer le bien, le continuer et l’achever !

Car sans elle je ne puis rien faire ; mais je puis tout en vous, quand votre grâce me fortifie[5].

O grâce vraiment céleste, sans laquelle nos mérites et les dons de la nature ne sont rien !

  1. Rom. vii, 22.
  2. Rom. vii, 12.
  3. 3. Rom. vii, 25.
  4. Rom. vii, 18.
  5. Philipp. iv, 13.