Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les arts, les richesses, la beauté, la force, le génie, l’éloquence n’ont aucun prix, Seigneur, à vos yeux, sans la grâce.

Car les dons de la nature sont communs aux bons et aux méchants ; mais la grâce ou la charité est le don propre des élus ; elle est le signe auquel on reconnaît ceux qui sont dignes de la vie éternelle.

Telle est l’excellence de cette grâce, que ni le don de prophétie, ni le pouvoir d’opérer des miracles, ni la plus haute contemplation, ne doivent être comptés pour quelque chose sans elle.

Ni la foi même, ni l’espérance, ni les autres vertus, ne vous sont agréables sans la grâce et la charité.

5. O bienheureuse grâce, qui rendez riche en vertus le pauvre d’esprit, et celui qui possède de grands biens humble de cœur !

Venez, descendez en moi, remplissez-moi dès le matin de votre consolation, de peur que mon âme épuisée, aride, ne vienne à défaillir de lassitude.

J’implore votre grâce, ô mon Dieu ! je ne veux qu’elle : car votre grâce me suffit[1], quand je n’obtiendrais rien de ce que la nature désire.

Si je suis éprouvé, tourmenté par beaucoup de tribulations, je ne craindrai aucuns maux, tandis que votre grâce sera avec moi.

Elle est ma force, mon conseil, mon appui.

Elle est plus puissante que tous les ennemis, et plus sage que tous les sages.

6. Elle enseigne la vérité, et règle la conduite ; elle est la lumière du cœur, et sa consolation dans l’angoisse ; elle chasse la tristesse, dissipe la crainte, nourrit la piété, produit les larmes.

Que suis-je sans elle ? qu’un bois sec, un rameau stérile qui n’est bon qu’à jeter.

  1. II Cor. xii, 9.