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RÉFLEXION.

Qu’est-ce que la raison comprend ? presque rien : mais la foi embrasse l’infini. Celui qui croit est donc bien au-dessus de celui qui raisonne, et la simplicité du cœur, bien préférable à la science qui nourrit l’orgueil. C’est le désir de savoir qui perdit le premier homme : il cherchait la science, il trouva la mort. Dieu, qui nous parle dans l’Écriture, n’a pas voulu satisfaire notre vaine curiosité, mais nous éclairer sur nos devoirs, exercer notre foi, purifier et nourrir notre âme par l’amour des vrais biens, qui sont tous renfermés en lui. L’humilité d’esprit est donc la disposition la plus nécessaire pour lire avec fruit les livres saints, et c’est déjà avoir profité beaucoup que de comprendre combien ils sont au-dessus de notre raison faible et bornée.


CHAPITRE VI.

DES AFFECTIONS DÉRÉGLÉES.

1. Dès que l’homme commence à désirer quelque chose désordonnément, aussitôt il devient inquiet en lui même.

Le superbe et l’avare n’ont jamais de repos ; mais le pauvre et l’humble d’esprit vivent dans l’abondance de la paix.

L’homme qui n’est pas encore parfaitement mort à lui-même est bien vite tenté ; et il succombe dans les plus petites choses.

Celui dont l’esprit est encore infirme, appesanti par la la chair et incliné vers les choses sensibles, a grand peine à se détacher entièrement des désirs terrestres.

C’est pourquoi lorsqu’il se refuse à les satisfaire, souvent il éprouve de la tristesse ; et il est disposé à l’impatience, quand on lui résiste.

2. Que s’il a obtenu ce qu’il convoitait, aussitôt le remords de la conscience pèse sur lui, parce qu’il a suivi sa passion, qui ne sert de rien pour la paix qu’il cherchait.