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C’est pourquoi il est écrit au livre de Job : La tentation est la vie de l’homme sur la terre[1].

Chacun devrait donc être toujours en garde contre les tentations qui l’assiègent, et veiller et prier pour ne point laisser lieu aux surprises du démon, qui ne dort jamais, et qui tourne de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le dévorer[2].

Il n’est point d’homme si parfait et si saint, qui n’ait quelquefois des tentations, et nous ne pouvons en être entièrement affranchis.

2. Mais, quoique importunes et pénibles, elles ne laissent pas d’être souvent très utiles à l’homme, parce qu’elles l’humilient, le purifient et l’instruisent.

Tous les Saints ont passé par beaucoup de tentations et de souffrances, et c’est par cette voie qu’ils ont avancé ; mais ceux qui n’ont pu soutenir ces épreuves, Dieu les a réprouvés, et ils ont défailli dans la route du salut.

Il n’y a point d’ordre si saint, ni de lieu si secret, où l’on ne trouve des peines et des tentations.

3. L’homme, tant qu’il vit, n’est jamais entièrement à l’abri des tentations : car nous en portons le germe en nous, à cause de la concupiscence dans laquelle nous sommes nés.

L’une succède à l’autre ; et nous aurons toujours quelque chose à souffrir, parce que nous avons perdu le bien et la félicité primitive.

Plusieurs cherchent à fuir pour n’être point tentés, et ils tombent dans des tentations plus dangereuses.

Il ne suffit pas de fuir pour vaincre ; mais la patience et la véritable humilité nous rendent plus forts que tous nos ennemis.

4. Celui qui, sans arracher la racine du mal, évite seulement les occasions extérieures, avancera peu : au contraire, les tentations reviennent à lui plus promptement et plus violentes.

  1. Job vii, 1.
  2. Pet. v, 8.