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Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/59

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Vous vaincrez plus sûrement peu à peu et par une longue patience, aidé du secours de Dieu, que par une rude et inquiète opiniâtreté.

Prenez souvent conseil dans la tentation, et ne traitez point durement celui qui est tenté ; mais consolez-le comme vous voudriez qu’on vous consolât vous-même.

5. Le commencement de toutes les tentations est l’inconstance de l’esprit et le peu de confiance en Dieu.

Car, comme un vaisseau sans gouvernail est poussé çà et là par les flots, ainsi l’homme faible et changeant qui abandonne ses résolutions est agité par des tentations diverses.

Le feu éprouve le fer[1], et la tentation, l’homme juste.

Nous ne savons souvent ce que nous pouvons : mais la tentation montre ce que nous sommes.

Il faut veiller cependant, surtout au commencement de la tentation ; car on triomphe beaucoup plus facilement de l’ennemi, si on ne le laisse point pénétrer dans l’âme, et si on le repousse à l’instant même où il se présente pour entrer.

C’est ce qui a fait dire à un ancien : Arrêtez le mal dès son origine ; le remède vient trop tard, quand le mal s’est accru par de longs délais[2].

D’abord une simple pensée s’offre à l’esprit, puis une vive imagination ; ensuite le plaisir, et le mouvement déréglé, et le consentement. Ainsi peu à peu l’ennemi envahit toute l’âme, lorsqu’on ne lui résiste pas dès le commencement.

Plus on met de retard et de langueur à le repousser, plus on s’affaiblit chaque jour, et plus l’ennemi devient fort contre nous.

6. Plusieurs sont affligés de tentations plus violentes au commencement de leur conversion ; d’autres à la fin : il y en a qui souffrent presque toute leur vie.

  1. Eccli. xxxi, 31.
  2. Ovid.