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dans la vie spirituelle : car Dieu veut que nous lui soyons parfaitement soumis, et que nous nous élevions au-dessus de toute raison par un ardent amour.

RÉFLEXION.

Il y a en nous une secrète malice qui se complaît à découvrir les imperfections de nos frères : et voilà pourquoi nous sommes si prompts à les juger, oubliant qu’à Dieu seul appartient le jugement des cœurs. Au lieu de scruter si curieusement la conscience d’autrui, descendons dans la nôtre ; nous y trouverons assez de motifs d’être indulgents envers le prochain et de troubles pour nous-mêmes. Vous n’êtes chargé que de vous, vous ne répondrez que de vous ; Ne jugez donc point, afin que vous ne soyez point jugés[1].


CHAPITRE XV.

DES ŒUVRES DE CHARITÉ.

1. Pour nulle chose au monde, ni pour l’amour d’aucun homme, on ne doit faire le moindre mal ; on peut quelque fois cependant, pour rendre un service dans le besoin, différer une bonne œuvre, ou lui en substituer une meilleure : car alors le bien n’est pas détruit, mais il se change en un plus grand.

Aucune œuvre extérieure ne sert sans la charité ; mais tout ce qui se fait par la charité, quelque petit et quelque vil qu’il soit, produit des fruits abondants.

Car Dieu regarde moins à l’action qu’au motif qui fait agir.

2. Celui-là fait beaucoup, qui aime beaucoup. Celui-là fait beaucoup, qui fait bien ce qu’il fait ; et il fait bien lorsqu’il subordonne sa volonté à l’utilité publique.

Ce qu’on prend pour la charité, souvent n’est que la convoitise ; car il est rare que l’inclination, la volonté propre, l’espoir de la récompense, ou la vue de quelque avantage particulier, n’influe pas sur nos actions.

  1. Matth. vi, 2.