3. Celui qui possède la charité véritable et parfaite, ne se recherche en rien ; mais son unique désir est que la gloire de Dieu s’opère en toute chose.
Il ne porte envie à personne, parce qu’il ne souhaite aucune faveur particulière, ne met point sa joie en lui-même, et que, dédaignant tous les autres biens, il ne cherche qu’en Dieu son bonheur.
Il n’attribue jamais aucun bien à la créature ; il les rapporte tous à Dieu de qui ils découlent comme de leur source, et dans la jouissance duquel tous les Saints se reposent à jamais comme dans leur fin dernière.
Oh ! qui aurait une étincelle de la vraie charité, que toutes les choses de la terre lui paraîtraient vaines !
Presque toutes les actions des hommes partent d’un principe vicié, de cette triple concupiscence dont parle saint Jean[1], et contre laquelle la vie chrétienne n’est qu’un perpétuel combat. L’amour déréglé de soi, si difficile à vaincre entièrement, corrompt trop souvent les œuvres même en apparence les plus pures. Que de travaux, que d’aumônes, que de pénitences, dans lesquelles on se confie peut-être, seront stériles pour le ciel ! Dieu ne se donne qu’à ceux qui l’aiment ; il est le prix de la charité, de cet amour inénarrable, sans bornes et sans mesure, qui, tandis que tout le reste passe, demeure éternellement, dit saint Paul[2]. Amour, qui seul faites les Saints, amour qui êtes Dieu même[3], pénétrez, possédez, transformez en vous toutes les puissances de mon âme, soyez ma vie, mon unique vie, et maintenant, et à jamais dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
CHAPITRE XVI.
1. Ce que l’homme ne peut corriger en soi ou dans les autres, il doit le supporter avec patience, jusqu’à ce que Dieu en ordonne autrement.