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CYRIL AUX DOIGTS-ROUGES

se brisant, se broyant et volant en éclats, ensevelissant sous eux les deux êtres qui se soutenaient faiblement aux planches de la hutte.



CHAPITRE VI

Pris dans les Glaces

Vladimir crut mourir en voyant ses deux amis disparaître sous cette avalanche de blocs de glace brisés, mais il n’était pas homme à regarder un désastre sans y porter secours.

— « Suivez-moi, si vous êtes des hommes ! » cria-t-il de sa puissante voix, et brandissant d’une main une perche que peu d’hommes auraient pu tenir des deux, il sauta sur le glacier.

Féodor fut à ses côtés en une seconde et le reste de la troupe suivit sans hésitation ; pourtant ils connaissaient tous les dangers qu’ils affrontaient, car si jamais le champ de glace venait à se détacher de nouveau, la vie de ces hommes intrépides serait en péril. Mais le risque d’une mort soudaine était ce qu’ils bravaient chaque jour, et il n’y en avait pas un d’entre eux qui n’aurait donné son âme à Dieu pour sauver celle du « Grand Chrétien Enchanté ».

Vladimir se lança témérairement vers le lieu où Cyril et Sylvestre défaillants se soutenaient, tant bien que mal, aux planches chancelantes de la cabane, et essayaient sans progrès, de se remettre d’aplomb sur la glace.

Le péril augmentait à chaque moment, car maintenant les grandes nappes de glace qui s’étaient empilées les unes sur les autres au premier choc, dévalaient de nouveau le courant, craquant et éclatant dans un bruit de tonnerre, comme l’explosion de bombes infernales et menaçaient d’une mort certaine quiconque se trouverait sous leur portée destructive. Un des chasseurs fut abattu par un énorme éclat de glace, un autre fut blessé mortellement à l’épaule et le Prince Vladimir lui-même échappa deux fois à la mort par un saut agile de côté, juste au moment où l’extrémité pointue d’un vaste bloc glacé, de douze pieds de long, vint balayer comme une faux, l’endroit où le Russe se trouvait l’instant avant.