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Page:Ker - Cyril aux doigts-rouges ou le Prince Russe et l'Enfant Tartare, 1917.djvu/43

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CYRIL AUX DOIGTS-ROUGES

À onze heures du soir, Féodor, qui devait diriger l’attaque, se tenait près de la porte avec un millier de robustes soldats, tous trop ardents de combattre pour remarquer que leur ami Ostap n’était pas avec eux.

Autant d’hommes étaient venus renforcer la colonne attaquante, et les réserves qui devaient l’appuyer furent laissées en petite quantité pour garder les remparts, le reste, très peu d’hommes, restèrent à la porte occidentale (à l’autre bout de la ville) car personne ne pensait que les Tartares l’attaqueraient encore, alors que cinq jours auparavant ils y avaient été refoulés.

Les soldats qui gardaient cette porte, faisaient les cent pas, grognant de mécontentement parce qu’on les empêchait de participer à l’attaque, lorsque des pas précipités s’approchèrent et la voix d’Ostap s’écria, hors d’haleine :

— « Holà, frères ! hâtez-vous ! vous êtes attendus avec impatience à la porte du fleuve. »

Toute la troupe s’envola instantanément, au pas de course, vers l’autre côté de la ville, enchanté de cette veine inattendue de prendre part à la bataille proche. La porte et le rempart, par là, étaient complètement désertés.

Alors Ostap, dans une hideuse grimace de triomphe, s’approcha de la porte et imita le cri du chat-huant. Ce même cri, comme en écho, fut répété de l’extérieur des murailles.

— « Bon ! » se dit-il, « les Tartares sont prêts. Allons-y alors ! »

Exerçant toute sa force, il défit un des lourds barreaux de bois qui fermaient la porte, et il détachait juste le dernier, lorsqu’il reçut un énorme coup sur la tête qui lui fit perdre connaissance et lourdement il s’affaissa sur le sol.



CHAPITRE X

Une Aventure téméraire


Le lendemain, au point du jour, Kief était sans dessus dessous et des rapports contradictoires circulaient de tous côtés. Quelques-uns disaient que les Tartares étaient entrés en ville par un passage souterrain, d’autres qu’Ostap avait été assassiné, d’autres encore relataient