Page:Keralio - collection des meilleurs ouvrages francois composes par des femmes tome 3.djvu/139

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Elle raconte ensuite allégoriquement comment elle fut mise au service de dame Fortune et comment elle s’embarqua dans la nef qui devoit l’y conduire. Les allégories de ce temps-là ont l’agrément d’être presque inintelligibles, et tout ce qu’on comprend de plus clair dans ce premier livre, c’est que Christine, parée par sa mère d’un chapeau de pierreries d’un prix inestimable, est envoyée à la cour de France pour y chercher la fortune.

     Il y a un lieu sur la mer,
     Où l’on scait grant péril nommer ;
     Une grosse roche naiue, (native)
     Y a, merueilieuse et soubtiue.
               (soudaine, née tout-à-coup.)
     Dessus ung grant chemin ferré ;
     Là, sciet un hault chastel quarré,
     Assis trop merueilleusement.
     Ce semble droit enchantement,
     Car quatre chayennes (chaînes) soustiennent,
     En lieu ne scay où elles tiennent,
     A quelque chose en annoyant, (anoiau, anneau.)
     Mais toudiz (toujours) va en tournoyant.

Elle continue la description de ce château merveilleux, dont la porte est d’or, et dont le bâtiment est plus beau et plus éclatant que ne le furent jamais Ilion, Rome ni Babylone, mais dont l’entrée est difficile, car il n’y a ni pont-levis, ni aucune, route tracée qui puisse y conduire ; la porte est