Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/127

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plaisir, et sachant à l’occasion honorer le courage même chez leurs adversaires.

Les Chouans ne crurent pas seuls que la mort de M. Poulain-Corbion avait été absolument accidentelle : c’était aussi l’opinion de beaucoup d’anciens habitants de Saint-Brieuc. Il y a six ou sept ans, j’en acquis une nouvelle preuve, sans la chercher, certes. Dans un dîner, à la campagne, je me trouvai placé à côté d’un officier général, aussi remarquable par l’élévation de ses sentiments que par la distinction de son esprit. Le hasard de la conversation l’amena à me raconter cette prise de Saint-Brieuc. Supposant que j’en ignorais les détails, il me dit en avoir entendu parler par des parents dont il m’indiqua les noms, gens très à même, en effet, de bien connaître cette affaire. Il confirma absolument la version donnée plus haut, contredisant celles écrites sur ce coup de main. On doit remarquer encore qu’il ne fait pas jour à quatre heures du matin à la fin d’octobre.

M. Poulain-Corbion, sorti de chez lui, averti, sans doute, de ce qui se passait, et voulant peut-être y porter remède, ne put aller se présenter aux assaillants ; il chercha vraisemblablement, au contraire, à les éviter, et succomba fortuitement, sans être reconnu, comme quelques autres personnes dont je