Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/136

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détachement de la colonne briochine s’avança sur l’esplanade et tira sur quelques attardés qui descendaient les marches du château. Parmi ces derniers se trouvait Mme  Le Frotter ; elle fut atteinte de plusieurs balles, au moment où le second de ses fils lui aidait à monter à cheval. Elle fut tuée sur le coup, et son fils, pour ne pas subir le même sort, fut obligé d’abandonner le corps de sa mère, auquel des âmes pieuses donnèrent la sépulture. Ce fut le triste et dernier épisode d’une affaire dont j’ai cru nécessaire de reprendre en détail le récit, afin de rétablir la vérité des faits.

La courageuse femme dont je viens de relater la mort mérite bien aussi que je retrace ici quelques particularités de sa vie et de son héroïque dévouement à la cause de Dieu et du Roi. Pour cela, il me suffira de reproduire la note laissée sur elle par notre grand-père, M. Le Frotter :


« … En 1790, le chevalier Le Frotter de Kerilis[1] fut persécuté comme tous les gentilshommes de la province : sa vie fut plus d’une fois en danger. Décidé à suivre le parti du Roi et croyant qu’il

  1. « Notes et observations sur la famille de MM. Le Frotter, originaires des paroisses d’Yvias et de Quimper-Guézennec, aux évêchés de Saint-Brieuc et de Tréguier en Basse-Bretagne. » Ce manuscrit est entre mes mains. M. Le Frotter, notre grand-père, est mort au commencement du premier Empire.