Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/147

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Mais son ambition, son impatience, sa précipitation à faire disparaître tous les obstacles, la calomnie dont il se servit, favorisée par la publicité dont il disposait seul, contre les débris de l’armée chouanne ; que dis-je ! contre tous les royalistes qui, par des motifs de conscience et d’honnêteté, ne crurent pouvoir s’attacher à sa fortune, exaspérèrent non-seulement les combattants obstinés, les intransigeants de l’époque, mais encore ceux qui avaient fait leur soumission. Sous prétexte de la sécurité publique à rétablir, il fit régner dans l’Ouest une terreur secrète rappelant celle de la Convention. L’histoire de notre pays l’a considérée comme l’équivalent de cette tyrannie sanglante. À chaque instant, dans nos départements

    déclare que les insurgés « sont des brigands qui doivent périr par le fer. Que nulle part ils ne trouvent d’asile contre le soldat qui va les poursuivre ! et s’il était des traîtres qui osassent les recevoir et les défendre, qu’ils périssent avec eux ! »[sic]
    Il écrit au général Brune, qui a succédé à Hédouville, en janvier 1800 : « N’épargnez pas les communes qui se conduiraient mal : brûlez quelques métairies et quelques gros villages dans le Morbihan. »
    Enfin il écrit au général Bernadotte, le 14 juin 1800 : « Faites donc arrêter et fusiller dans les vingt-quatre heures ce misérable Georges. » (Correspondance de Napoléon Bonaparte.)
    Cette correspondance contient cent autres fragments aussi violents, sinon plus, que ceux cités ci-dessus. Peut-on, après cela, s’étonner de la machine infernale ! La violence ne provoque-t-elle pas la violence ? Ce violateur de toutes les lois et de tous les droits ne semblait-il pas penser que dès l’instant où il avait conquis le pouvoir, il n’y avait plus d’autres droits que sa volonté ?