Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/150

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Peut-on s’étonner, aujourd’hui que la légende bonapartiste est connue, anéantie, de la haine implacable qui se traduisit, un peu plus tard, par un fait regrettable, sans doute, mais que, tout en le blâmant, on s’explique facilement. Je ne saurais jamais, je l’avoue, le qualifier de crime, non plus que l’acte de Charlotte Corday. Ah ! oui, je n’hésite pas à le déclarer, honni soit qui mal y pensera, ma conscience, par suite de la connaissance des faits, s’y refuse absolument. Il me semble, et ce qui se passe de nouveau sous nos yeux m’affermit dans des idées déjà vieilles, il me semble qu’en France, contrairement au passé, contrairement aux droits nationaux imprescriptibles, par suite de l’émiettement du pays, on donne trop d’importance, ou mieux on donne un sens trop étendu à ce que nous nommons la légalité. En effet, aussitôt qu’à l’aide de cette centralisation exagérée et corruptrice dans laquelle la Révolution et l’Empire ont emmaillotté[sic] notre patrie, une bande de conspirateurs cosmopolites est parvenue à s’emparer du pouvoir et des rouages nécessaires à son fonctionnement, ils se croient tout permis, au nom

    du terrible animal, et, en le saisissant adroitement par une des cornes, procura le moyen de le paralyser, mais aux dépens de sa vie, car il reçut dans la poitrine un coup qui lui laissa seulement le temps de mourir en chrétien et en brave, comme il avait vécu.