Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de lois qu’ils bâclent à la hâte pour leur usage[1]. Ils exilent leurs adversaires, ils confisquent leurs biens, ils combattent leurs croyances ; ils inventent des cultes auxquels il faut se soumettre sous peine de mort : Vous croirez, disent-ils, à la déesse Raison, ou vous serez égorgés comme une bête de boucherie ! Ils imaginent une oppression cent fois plus avilissante que celle qui pesait sur les Ilotes, et cela au nom d’une légalité dérisoire que vous devrez reconnaître, sous peine d’être un mauvais citoyen… un brigand.

Sous ce régime, il n’y a plus de liberté, plus de domicile inviolable, plus de garanties d’aucune sorte que pour les odieux coquins parvenus au pouvoir… Si la France doit encore exister et reprendre une vie normale à travers les siècles, nos arrière-petits-enfants auront peine à comprendre comment un pays qui compte quatorze cents ans de civilisation chrétienne a pu supporter si longtemps ce joug stupide et honteux[2].

  1. Le célèbre publiciste Bluntchli, dans sa Théorie de l’État, enseigne que « l’obéissance ne peut jamais forcer le fonctionnaire à violer les principes de la religion ou de la morale, ou à se rendre complice d’un crime. »[sic]
  2. Les différents gouvernements qui, depuis trois quarts de siècle, se sont succédé, ont tellement fait abus des droits de la puissance et de la justice qu’ils ont perverti les sentiments de respect et d’obéissance. Les hommes du pouvoir sont encore couverts par