Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

défendit énergiquement de vouloir recourir à l’assassinat, pensant toutefois qu’il était permis d’user à l’égard de Bonaparte des moyens employés par celui-ci pour arriver au pouvoir. Connaissant les habitudes du premier consul dans certaines circonstances, il voulait, disait-il, l’attaquer au milieu de sa garde consulaire, en nombre égal ; c’eût été une autre sorte de combat des Trente ; mais, sachant Bonaparte entouré d’hommes choisis, l’intrépide chef royaliste voulait de son côté en faire autant, et il sollicitait le concours de mon père.

Celui-ci, la tête appuyée dans ses mains, ne répondit rien ; mais ma mère répliqua immédiatement :

— « Non, Georges, mon mari ne peut vous accompagner, il n’ira pas : il s’est engagé sur l’honneur à ne plus reprendre les armes, il doit tenir à sa parole ; il arrivera ce qu’il plaira à Dieu. »

Peu d’instants après, Georges Cadoudal et mon père se séparèrent pour ne plus se revoir.

En somme, les affirmations de Cadoudal dans cette entrevue, affirmations qui m’ont été répétées cent fois, avaient parfaitement convaincu ma famille qu’il ne voulait à aucun prix recourir à l’assassinat, moyen tout-à-fait antipathique à son caractère : il était violent, mais héroïque. Les démarches faites par lui à cette occasion près de mon père et de plusieurs