Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/155

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trer dans le salon, et, l’ayant considéré de nouveau, elle lui dit :

— Je vous connais ; je vous ai déjà vu, vous êtes un homme de Georges.

— Oui, Madame, c’est lui qui m’envoie vers votre mari, avec lequel il désire avoir un entretien ; il est dans tel endroit, aux abords de la ville.

— Dites à Cadoudal que nous irons le trouver dans une heure, répondit ma mère.

En effet, mon père, étant rentré, sortit un instant après, donnant le bras à ma mère, qui tenait par la main mon frère aîné, âgé de onze à douze ans. Ma famille trouva Cadoudal à l’endroit indiqué, et, après une conversation préliminaire, les concernant individuellement, il leur fit un tableau navrant du sort malheureux fait aux anciens royalistes, traqués comme des bêtes fauves et ne sachant plus où reposer leurs têtes. Il leur cita un nombre incalculable de violences et de trahisons exercées par les ordres du premier consul : il le représenta comme l’homme le plus dangereux enfanté par la Révolution contre la Monarchie et la Société.

Après avoir expliqué, ce que le temps a trop confirmé, les vues ambitieuses et sans conscience de ce nouveau maître du pays, Cadoudal concluait à la nécessité d’en débarrasser la France. Pourtant, il se