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Les royalistes eurent un seul homme tué, mais un grand nombre de blessés. Parmi ces derniers j’en ai connu un du nom de Gouëzigou, appartenant à la commune du Bodéo ; il avait reçu vingt et quelques coups de baïonnettes, dont l’un avait traversé la tête au-dessous des oreilles ; il a vécu encore de longues années après.

Pendant le combat, mon père en était venu aux mains, dans le petit chemin de la Croix-Dolo, avec un gendarme qui, plus jeune que lui, lui aurait fait sans doute un mauvais parti, si une balle n’avait mis fin à la lutte en frappant mortellement ce pauvre soldat. Circonstance singulière, ce gendarme fut soigné, à ses derniers moments, par ma mère, qui, ne soupçonnant pas ce qui allait arriver, se rendait à cheval à Saint-Brieuc avec une domestique. Celle-ci eut aussi sa part de la bataille, elle reçut une balle dans ses cheveux relevés au-dessus du cou[1].

Après ce combat de Saint-Gilles, occasionné très certainement par la faute des fédérés, les royalistes, le soir même, se retirèrent dans un lieu de la même commune, appelé Cartrevaux.

Ils étaient loin de supposer, certes, à la fin de

  1. Cette intrépide servante de ma mère se nommait Marguerite Le Gouëdard, des environs d’Uzel. Pendant les Cent Jours, elle fit, avec un courage et une prudence remarquables, le service de courrier et portait de l’argent tous les samedis.