Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/43

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M. de Bourmont, avec Cadoudal, Mercier et Tinténiac, s’était réfugié à Kerigant pendant cette alerte. Dès le lendemain, il fut conduit par un guide sûr dans les environs de Moncontour, d’où il se dirigea par l’Ille-et-Vilaine sur l’Anjou[1].

M. de Tinténiac rejoignit sa division. Avec cette petite armée, où se trouvait mon père, il attaqua, le 18 juillet 1795, à Coëtlogon, les colonnes de Hoche, qui, malgré les pertes qu’elles avaient essuyées, n’avaient cessé de le suivre. Il leur infligea une défaite complète ; mais ce vaillant chef royaliste paya ce triomphe de sa vie : il fut tué au moment où, occupé à faire cesser le combat et à enlever les blessés, il pouvait se croire tout à fait hors de danger. Ce douloureux événement se produisit dans une circonstance extraordinaire.

On relevait un grenadier républicain qui semblait gravement blessé ; celui-ci se redressa soudain sur un genou et tira presque à bout portant sur le jeune et glorieux chef royaliste, qui tomba foudroyé. Le grenadier fut à l’instant massacré.

Ainsi périt un des héros de la Chouannerie bretonne. Il était, je crois, le dernier descendant de

  1. Sous la Restauration, M. de Bourmont se remémora cette circonstance de sa vie, et me la rappela, lorsque je demandai, au moment des préparatifs de la campagne d’Alger, à faire partie de ses officiers d’ordonnance.