Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/55

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familles qu’ils poussaient vers l’exil, à force de violences, ou que d’infâmes calomniateurs livraient aux tribunaux révolutionnaires, à la guillotine.

En présence de milliers de victimes dont les cadavres étaient à peine refroidis, du vivant des spoliateurs et des spoliés, quand les faits étaient sous les regards de tous, on a peine à comprendre comment il a pu se rencontrer des historiens de talent, de grand talent même, dont plusieurs, par suite, ont eu l’honneur de diriger les affaires de leur pays, pour blâmer les victimes et glorifier les bourreaux.

Plusieurs de ces hommes ont écrit sous l’empire de théories politiques qu’ils ont répudiées ou répudieraient s’ils pouvaient être témoins des conséquences désastreuses de leurs doctrines. La postérité ne sanctionnera pas ces iniques et monstrueux jugements ; éloignée des passions qui les ont produits, elle sera plus à même de constater que la Révolution, c’est-à-dire, l’anarchie, ne peut enfanter que le désordre, la ruine ; qu’elle est l’inverse de la liberté ; qu’elle est l’opposé de ce que voudra toujours la grande majorité d’une société normale[1].

  1. En effet, la formule révolutionnaire « liberté, égalité, fraternité, »[sic] qui pour beaucoup est un dogme, n’est qu’une paraphrase fausse du principe évangélique : « Vous êtes tous les enfants d’un même Père, qui est Dieu ; vous êtes tous égaux devant lui. » Ce principe proclame les droits de l’homme, mais sans indiquer l’application, qui devait varier suivant les races, les traditions, les milieux, les climats, etc. La formule révolutionnaire, au contraire, est absolue : c’est le nivellement, c’est-à-dire, le système le plus opposé à la constitution humaine. — Aussi, tous les gouvernements qui ont voulu en user ont avorté et avorteront, il faut l’espérer.