Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/56

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Les Chouans, pour leur propre sûreté, durent faire et firent plus d’un acte de justice sur des gens qui, les ayant dénoncés, trahis la veille, se préparaient à les dénoncer et à les trahir le lendemain. La guerre civile, la plus juste peut-être de toutes les guerres, au moins dans certaines circonstances impérieuses, suscite, plus qu’aucune autre, des mesures de vengeance et de pillage qu’il est difficile d’empêcher ; cependant, on peut affirmer qu’ils furent rares en Bretagne, du côté des royalistes, en comparaison des massacres des révolutionnaires, qui se comptent par centaines de mille, sur toute la surface du territoire.

Il faut reconnaître encore, pour être juste, que souvent on a mis sur le compte des Chouans des exécutions ou des crimes qu’ils n’ont jamais commis. Pour bien juger, il faut savoir quels étaient, d’où sortaient les belligérants. La plupart des soldats royalistes étaient généralement, et surtout dans le pays dont je parle, — ancienne manufacture des toiles dites de Bretagne, Quintin, Uzel, Moncontour et Loudéac, — à la fois cultivateurs et tisserands, c’est-à-