Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/57

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dire, des hommes constamment occupés, hiver comme été.

Les chefs royalistes avaient un grand intérêt à faciliter à leurs hommes la vente des produits de leur travail, leurs toiles, qu’ils ne pouvaient, pas plus que les denrées agricoles, aller vendre sur les marchés des villes. En conséquence, ils délivraient des lettres de passe (passeports) aux principaux négociants des villes de la manufacture, — je pourrais donner les noms, — en faisant veiller à leur sûreté alors qu’ils parcouraient le pays.

Pourquoi, dans de telles circonstances, les Chouans, ainsi qu’on les en a très à tort accusés, auraient-ils fait saisir, contrairement à leurs engagements, un de ces hommes, généralement dignes de confiance, dont ils ne pouvaient se passer, pour le faire égorger de la façon la plus atroce, a-t-on prétendu ?

Les chefs ont unanimement repoussé toute participation à ces meurtres, nuisibles à leur cause : ils firent condamner à mort par leur conseil de guerre, par exemple, des meurtriers qui, à l’aide du désordre dans lequel se trouvait momentanément la Chouannerie, échappèrent à toutes les recherches[1].

  1. Le meurtre auquel je viens de faire allusion, postérieur aux faits que je viens de raconter, eut lieu dans un moment d’anarchie, comme la Chouannerie en subissait de temps à autre.