Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/61

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leur travail pour le jeter en pâture à la populace paresseuse des villes, dans les rangs de laquelle elle trouvait des recrues pour former l’armée révolutionnaire.

Ainsi, d’après un certain nombre d’historiens[1] de cette lamentable époque, tous ces gens de cœur, ayant honoré leur pays dans le passé par leur conduite et leur travail, seraient tombés tout-à-coup au-dessous de cette populace abrutie, de ces prétendus patriotes qui, en hurlant la Marseillaise, entouraient les échafauds dressés en permanence par les suppôts de la Convention, et parfois, comme à Tréguier, traînaient les enfants des victimes sous l’instrument du supplice, pour qu’ils fussent inondés du sang de leur mère[2].

Espérer qu’en confisquant les propriétés d’autrui, en violant les domiciles, en portant atteinte de toutes façons et sous tous les prétextes à sa liberté, en coupant des têtes, en ordonnant aux consciences d’adorer ce qu’elles avaient toujours méprisé, on allait fonder l’ordre, qui est l’inverse de toutes ces monstruosités,

  1. Les romanciers eux-mêmes concouraient à répandre toutes ces ignobles calomnies. — On lit dans Sacs et Parchemins, de M. Jules Sandeau : « Au temps où les Chouans passaient pour d’honnêtes gens !… »[sic]
  2. Mme  Taupin, guillotinée à Tréguier.