Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/66

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L’Administration n’ignorait pas la conduite de ces familles, avec lesquelles on venait de traiter, et dont les saufs-conduits[sic] mentionnaient « qu’elles ne pourraient être en rien inquiétées pour avoir pris part à la guerre de l’Ouest. »[sic] Elles ne pouvaient d’ailleurs donner un meilleur gage de leur bonne foi qu’en venant habiter Saint-Brieuc, sous les yeux de l’Autorité. Mais, ayant les chefs royalistes entre les mains, les représentants du pouvoir feignirent de tout ignorer, et de considérer les faits dénoncés comme s’étant produits depuis l’armistice. Fidèles à leurs habitudes de déloyauté, ils firent bannir dans toutes les villes du département qu’on venait de découvrir une grande conspiration royaliste et d’en arrêter les auteurs au nombre de quarante. À l’aide de ce moyen astucieux, les haines étaient de nouveau attisées, l’opinion était trompée.

Le public ignorait, en effet, que les prétendus conspirateurs, jetés si perfidement en prison, étaient des hommes d’honneur qui, confiants dans la parole des généraux et des autorités républicaines, venaient de déposer les armes et de rentrer dans leurs foyers.

Cette inique arrestation était, au fond, la continuation de la mise en œuvre du système machiavélique pratiqué par la Révolution depuis le commencement de la guerre civile ; on avait ainsi empêché toute