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rétablir scientifiquement les textes sous leur forme première, d’après les modèles que nous avons encore y et à leur rendre ainsi, avec leur couleur et leur physionomie propres, la place qui leur convient parmi les monuments du premier âge de la langue des anciens Bretons.

En suivant hardiment cette méthode logique, je devais trouver des contradicteurs. Je m’y attendais. Mais, chose très-remarquable, ils ne devaient venir ni des pays celtiques, ni des juges naturels. Il y a mieux : le présent essai, tout imparfait qu’il est, a eu des imitateurs parmi les Gallois eux-mêmes ; je citerai entre autres le vénérable et savant archidiacre Williams, dont le suffrage m’a été précieux ; il en a eu parmi les premiers celtistes d’Allemagne, et Zeuss n’a pas craint, lui aussi, de braver les foudres de l’école routinière, en reconstituant, d’après la langue des Bretons du VIe siècle, des textes rajeunis par des mains galloises du XIIIe. Ajouterai-je que ce qui a le plus contribué à me donner confiance dans la méthode que j’ai adoptée, c’est l’approbation de celui des membres de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui représente avec le plus d’autorité, en Europe, l’étude comparative des langues écrites ou parlées dans l’occident de l’Ancien-Monde ? Mon illustre ami et maître Jacob Grimm a trouvé à cette méthode, indépendamment de ses mérites scientifiques, l’avantage de faciliter aux étrangers l’étude des idiomes celtiques, si étrangement écrits pour eux d’ordinaire, et particulièrement de l’ancien breton, rendu parfois